Le désordre et nous

19 novembre 2013

Le désordre et nous

 

 Il est une affirmation simple, presqu’une lapalissade : il n’y pas d’ordre social s’il n’y pas d’ordre public.  Pourtant, sous nos tropiques, l’ordre n’est pas la valeur la mieux partagée. D’aucun diront « c’est comme ça on est », pour dire rien à faire, on s’assume comme ça. Pourtant le désordre ambiant est bien à l’origine de nombres de nos maux. Corruption, accidents, échec, sous développement,  guerre etc… tout ces fléaux traduisent une même vérité : sans ordre c’est le chaos. Le célèbre ganster Mesrine affirmait que lorsqu’il braquait une banque, il n’avait pas le sentiment d’enfreindre la loi mais seulement de voler un plus voleur que lui. Au regard de cet exemple on peut penser que la gravité de cet acte est minime, qu’il ne s’agit que d’argent.  Mais Mesrine, quand les choses tournait mal n’hésitait pas à faire usage de violence, et à cause de ce désordre qu’il semait des êtres humains perdaient la vie. Nul ne peut décider d’outrepasser les règles fondant l’ordre établit, sinon on créé le désordre, ce qui peut avoir de terribles conséquences.

Le désordre quel qu’en soit sa justification n’a pas sa place. L’homme a besoin de règles, il a besoin d’ordre,  sinon il retombe à l’état de nature et à l’état de nature l’homme est un loup pour l’homme. Les hommes sont naturellement poussés par leurs désirs, ils cherchent à améliorer leurs conditions au détriment des autres. Le conducteur de taxi ou de gbakas ne se préoccupera pas alors de savoir s’il a la priorité ou non, il veut juste avancer.  S’il n’y a rien ni personne pour les en empêcher, les hommes ont tendance à s’entre-tuer. ainsi, un pro ceci tuera un pro cela juste par ce que le désordre ambiant règne, et que même dans leurs têtes, leurs idées sont désordonnées. Pour atteindre leur but, les hommes n’hésitent donc pas à s’en prendre aux autres hommes, sans ordre c’est la guerre de tous contre tous!

Les lois établissent l’ordre social, elles permettent d’élever les rapports sociaux au dessus de la barbarie et de la violence qui régneraient chez des hommes sans lois.  Bien sûr,certains se diront rebelles, révolutionnaires. Mais qu’est ce alors qu’un révolutionnaire?  Bernard Shaw disait : « un révolutionnaire est celui qui désire mettre au placard l’ordre social existant afin d’en essayer un autre » .  Le révolutionnaire n’est donc pas celui qui sème le désordre, mais celui que justement veut que les choses rentrent dans l’ordre. Il faut bien le comprendre, en aucune façon le désordre n’a sa place dans nos sociétés ni nul part d’ailleurs. Dans « Gorgias » de Platon, Socrate affirme à Calliclèce que dans le corps la règle et l’ordre ont pour effet la santé et la force. De la même manière l’âme ne sera bonne que si elle est réglée et ordonnée. L’ordre et la règle dans l’âme s’appellent l’égalité aux lois et c’est ce qui fait des hommes justes.

Alors oui, pour beaucoup l’ordre entrave la liberté, l’ordre fait peur. Pour certain l’ordre c’est le proviseur de l’école qui au moindre retard à l’école applique les châtiments les plus durs. Pour d’autres l’ordre, c’est la mère de famille qui s’époumone à longueur de journée pour que nous rangions nos chambres.  A l’évidence, certain n’hésiteront pas à opposer que dans la vie il faut un peu de désordre pour rompre la monotonie du quotidien, pour eux une existence qui serait parfaitement ordonnée manquerait de charme, que piment!  Il faut alors s’insurger contre cet amalgame entre l’ordre la raison, entre l’ordre et la psycho rigidité. En faisant valoir les vertus de l’ordre il ne s’agit pas d’être purement raisonnable, bien au contraire, il s’agit de trouver les bonnes limites entre la raison et la passion. Khalil Gibran disait : « votre raison et votre passion sont comme le voile et le gouvernail de votre âme qui navigue de ports en ports. Si votre gouvernail ou votre voile se brise, vous pouvez être ballotté ou aller à la dérive. Car la raison régnant seul est une force qui brise l’élan et la passion livrée à elle même est une flamme qui se consume jusqu’à sa propre extinction ».

Il ne s’agit pas d’être beaucoup trop stricte mais de se prescrire les lois qui permettent de maintenir le bon équilibre. L’ordre n’est pas réducteur, bien au contraire écrivait Charles Peguy, « l’ordre seul fait en définitive la liberté ».  Le désordre fait la servitude.  Le désordre perturbe les relations humaines et donne une mauvaise image de nous. Combien de fois n’avez vous pas entendu les adjamélais être assimilé au désordre même?  Mettre en ordre c’est se prendre en main. Et dans un monde où l’on ne peut se laisser vivre, où l’on doit se prendre en main, le désordre n’a pas sa place.  Pour vivre dans cette société nos idées doivent être en ordre, sinon comment communiquer une idée embrouillée? Ce qui caractérise l’intellectuel, l’éclaireur des masses, c’est sa capacité à s’émouvoir pour autrui, c’est cette capacité d’ordonnancement de ses sentiments et de ses idées. Il ne doit pas se laisser dépasser par ses émotions, il ne doit pas non plus être purement rationnel. En somme, il doit mettre ses sentiments au service de son argumentation.

Par delà toutes ces considérations il y a l’ordre universel, celui qui régit les lois de l’univers. L’univers tout entier est en ordre et obéit à des lois. L’ordre est le plus fort et retrouvera toujours ses droits. C’est dans l’ordre des choses.

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